Comment rendre lisible une littérature contemporaine issue de l’immense pays de Chine, avec ses peuples (un quart de la population mondiale), sa diaspora infatigable dispersée aux quatre coins de la planète, sa pensée politique unique (?) et ses dérives supposées, sa censure congénitale et son ordre policier, son gigantisme architectural, ses millions de travailleurs qui constituent encore l’atelier du monde même s’il est remis en cause à la fois par la pandémie et par le spectre d’une récession sans précédent du fait des conséquences de l’enfant unique… Les enjeux sont hors normes, hors de toute mesure, pour cet empire qui se dit du milieu et qui veut clairement accroître sa domination partout. La littérature, en regard, ne pèse pas bien lourd – et pourtant ! Les six jeunes auteurs réunis ici ont tous une vision un peu différente pour avoir goûté aux douceurs de l’étranger, de l’ailleurs, de l’exil ou simplement du voyage. C’est à la fois leur charme, leur vigueur et leur originalité, et en même temps leurs limites. Mais comment faire autrement ? Peut-être que ce « pays » n’existe pas. Ce recueil de « Nouvelles de Chine » tente d’apporter un éclairage humain sur tous ses aspects à la fois, loin de toute prétention, car il vaut mieux en connaître quelques-uns plutôt que de repousser l’inconnaissable en bloc. Extrait : « Pas un souffle de vent, la nuit sera chaude. Shanghai arbore déjà sa scintillante robe nocturne et contemple ses paillettes chatoyantes dans le fleuve Huang Pu. L’étoffe lumineuse des gratte-ciel se délaye avec élégance dans les eaux millénaires, avec la ligne mordorée du Bund. À travers la fenêtre arrière, Bai Lian voit les lumières défiler. Le taxi ne roule pas vite, mais le regard de Bai Lian ne s’arrête sur rien de particulier. Une mosaïque continue et presque fluide finit par se former devant ses yeux. Le calme à l’intérieur du taxi contraste étrangement avec l’agitation que l’on devine de l’autre côté de la vitre… » Avec les textes de Cai Chongguo, Chan Metung, Guan Jian, Jia jia, Van Quynh Anita et Zeng Jinyan
GHOST TOWNUne symphonie familiale d’une rare poésie au cœur de la fête des Fantômes dans la campagne taïwanaise.
Benjamin d’une fratrie de sept enfants, Chen Tienhong a dû quitter son village natal de Yongjing pour vivre librement son homosexualité. Après avoir passé plusieurs années en prison à cause d’une relation avec un homme violent, il décide de rentrer à Taïwan et d’élucider un mystère qui plane depuis son enfance. Arrivé le jour de la fête des Fantômes, Tienhong lui-même se sent comme un spectre errant dans un lieu qu’il reconnaît à peine. Le seul endroit qui n’a pas changé est sa maison où règnent toujours les mêmes règles, les mêmes blessures et, surtout, les mêmes silences.
« Une symphonie familiale mélancolique d’une rare poésie » Le Monde « Un drame familial, une histoire de Taïwan et un meurtre, tout cela en un formidable roman. » TheNew York Times
Kevin Chen est né à Yongjing et a débuté sa carrière artistique en tant qu’acteur. Il vit aujourd’hui à Berlin et a publié plusieurs romans, des essais et des recueils de nouvelles. Il est lauréat, entre autres, du Grand Prix de littérature taïwanaise.
Traduit du chinois (Taïwan) par Emmanuelle Péchenart580/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2503083040002