Au delà de l’affaire des frégates, Taiwan nous évoque en général peu de chose au regard de la complexité de son histoire et de sa culture. Li-Chin Lin, née en 1973 dans la campagne taiwanaise, et qui vit en France depuis dix ans, nous raconte son histoire. Elle aborde avec franchise et beaucoup de recul son enfance, tiraillée entre la culture de sa famille (ses grands parents parlent le japonais, souvenir des colonisateurs et langue honnie par le regime), ses envies (l’attrait du manga), et la doxa officielle. Elle montre comment le régime dictatorial du Kuomintang qui dirige l’île d’une main de fer quasiment sans interruption depuis l’arrivé de Chiang Kai-Chek, pratique un endoctrinent quotidien de la population taiwanaise en générale et des enfants en particulier... Confrontée dès son plus jeune âge aux contradictions du régime, Li-Chin Lin appartient à la génération marquée par le soulèvement de Tian’anmen, qui sera amenée à remettre en question le culte de la personnalité de CKC et le parti unique. Son regard toujours révolté sur la corruption et les ambiguites qui gangrenent la societe taiwanaise se combine avec un dessin influence par les codes du manga, et une imagination graphique débridée. En janvier 2012 se tiendront les prochaines élections présidentielles et legislatives à Taiwan. Ce sera l’occasion pour l’opposition de tenter de battre le Kuomintang qui avait repris le pouvoir en 2008.
漫畫家林莉菁如是憶往,以女孩的眼光,看當時的台灣戒嚴、威權教育、升學主義、社會解嚴、賄選亂象……;與成人的自己對談,看龐大的國家機器如何影響著微小的個人認知,意識形態如何左右著價值判斷。人物造型簡單,行文誠實、犀利;電影般的分鏡、小說式的節奏,被法國出版社喻為「圖像小說」(Le roman graphique),介於小說與漫畫之間,由圖像強化故事的進行。但更多卡通式的黑色幽默,也只有在地的我們才懂得。