C’est un bruit de verre qui a interrompu mon sommeil. Non pas du verre qu’on brise. Un bruit plus incertain que cela, et plus inquiétant. Comme si on le perçait. On le trouait. Ou peut-être encore comme si le verre avait résisté à un coup extrêmement violent, et comme si le bruit n’avait pas été celui du coup donné mais celui de la résistance du verre à ce coup. Un grincement ? Et l’image a surgi immédiatement à nouveau comme une photographie. L’amnésie des derniers jours n’est pas tout à fait un récit ordinaire. C’est ce que Éric Marty appelle une «photofiction». Non pas un récit illustré par les très belles photographies de Jean-Jacques Gonzales qui ponctuent chaque chapitre, mais un récit qu’on pourrait dire animé par ces images. Un homme, qui dans la vie est un jeune acteur genevois, se retrouve mystérieusement dans une villa près de Rome. À la suite, semble-t-il, d’un accident de voiture, Il a perdu la mémoire immédiate des jours qui viennent de s’écouler. Légèrement blessé aux yeux, il est momentanément privé du sens de la vue. C’est précisément grâce au surgissement d’instantanés photographiques à la surface de son monde intérieur, qu’il va tenter de reconstituer son passé immédiat, et qu’un récit va donc naître des images, et avec ces images. Plusieurs univers alors s’entrecroisent ou se superposent au travers de la matière photographique inspirant toujours plus d’hypothèses sur ce qui a conduit Paul Roissy dans cette maison romaine, gardé et soigné par une sorte de nourrice bienveillante nommée Marta. Deux mémoires au moins entrent en jeu, la mémoire spontanée et très puissante des faits et gestes de Paul précédant «l’accident», et puis les souvenirs fabriqués auxquels incite l’amnésie, l’amnésie des derniers jours. D’un côté donc cette vie d’acteur à Genève qui associe sa compagne, Heidi, avec qui il ne s’entend plus, le metteur en scène un peu fou, Wozsniak qui a développé une emprise ambiguë sur lui, Helena, elle aussi actrice et qui est sa maîtresse, de l’autre une mémoire qui improvise, qui reconstitue la scène obsédante d’un accident de voiture sur une petite route de campagne aux abords de Rome, qui serait la clef de la situation énigmatique du héros. La «photofiction» permet peu à peu d’effacer la frontière entre ces deux mémoires, et de leur conférer un degré à peu près similaire d’irréalité comme de vraisemblance. Le pathétique du récit imprègne ainsi chaque moment où Paul semble convaincu de détenir un peu de sa réalité, de sa vie, de son passé, comme il imprègne réciproquement les moments de désarroi, de doute, que l’émotion de se souvenir ne parvient pas tout à fait à rendre crédibles. La poésie qui habite cette étrange odyssée, qui est comme un voyage immobile, accompagne ainsi un récit constitué de scènes auxquels l’effort de mémoire confère une vie d’autant plus intense qu’elle est peut-être totalement imaginaire : disputes conjugales, répétitions théâtrales, adultère… La photographie alors se révèle comme cet espace ambigu où le regard cherche sans cesse le monde réel qui semble y être représenté et où il découvre dans ce qui se donne comme visible, le semblant dont toute vie est faite. L’Amnésie des derniers jours est, après L’Invasion du désert, la seconde collaboration entre Éric Marty et Jean-Jacques Gonzales.
Éric Marty est écrivain et essayiste. Il a publié plusieurs romans, dont Le Cœur de la jeune Chinoise (2013) ou La Fille (2015). Son dernier essai est Le Sexe des Modernes, Pensée du Neutre et théorie du genre (2021), au Seuil, et son dernier livre est un recueil de poèmes entendu / dire publié aux éditions Furor en 2023. Jean-Jacques Gonzales est photographe, écrivain, éditeur. Son travail photographique, essentiellement en noir et blanc, s’articule autour des questions ouvertes par les primitifs de la photographie : trace, mémoire, présence, espace. Une monographie lui a été consacrée aux éditions de L’Atelier contemporain, Le travail photographique de Jean-Jacques Gonzales (2020) et plus récemment, il a également publié chez le même éditeur Conversation tardive (2022) où il mêle textes et images.
TOUT LE MONDE AIME CLARAClara voit au-delà des apparences. Ceux qui la connaissent la redoutent autant qu'ils l'admirent. Car elle ne prédit pas seulement l'avenir, elle l'éveille.1,100/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2503002058520
PATRONYMEAttendue sur le plateau de La Grande Librairie pour parler de son livre, Le Consentement, l’autrice est appelée par la police pour venir reconnaître le corps sans vie de son père, qu’elle n’a pas revu depuis dix ans. Dans l’appartement de banlieue parisienne où il vivait, et qui fut jadis celui de ses grands-parents, elle est confrontée à la matérialisation de la folie de cet homme toxique, mythomane et misanthrope, devenu pour elle un étranger. Tandis qu’elle s’interroge, tout en vidant les lieux, sur sa personnalité énigmatique, elle tombe avec effroi sur deux photos de jeunesse de son grand-père paternel, portant les insignes nazis. La version familiale d’un citoyen tchèque enrôlé de force dans l’armée allemande après l’invasion de son pays par le Reich, puis déserteur caché en France par celle qui allait devenir sa femme, et travaillant pour les Américains à la Libération avant de devenir « réfugié privilégié » en tant que dissident du régime communiste, serait-elle mensongère ? C’est le début d’une traque obsessionnelle pour comprendre qui était ce grand-père dont elle porte le nom d’emprunt, quelle était sa véritable identité, et de quelle manière il a pu, ou non, « consentir », voire collaborer activement, à la barbarie. Au fil de recherches qui s’étendront sur deux années, s’appuyant sur les documents familiaux et les archives tchèques, allemandes et françaises, elle part en quête de témoins, qu’elle retrouvera en Moravie, pour recomposer le puzzle d’un itinéraire plausible, auquel il manquera toujours des pièces. Comment en serait-il autrement dans une Tchécoslovaquie qui a changé cinq fois de frontières, de nationalité, de régime, prise en tenaille entre les deux totalitarismes du XXème siècle ? À travers le parcours accidenté d’un jeune homme pris dans la tourmente de l’Histoire, c’est toute la tragédie du XXème siècle qui ressurgit, au moment où la guerre qui fait rage sur notre continent ravive à la fois la mémoire du passé et la crainte d’un avenir de sauvagerie. Dans ce texte kaléidoscopique, alternant fiction et analyse, récit de voyage, légendes familiales, versions alternatives et compagnonnage avec Kafka, Gombrowicz, Zweig et Kundera, Vanessa Springora questionne le roman de ses origines, les péripéties de son nom de famille et la mythologie des figures masculines de son enfance, dans une tentative d’élucidation de leurs destins contrariés. Éclairant l’existence de son père, et la sienne, à l’aune de ses découvertes, elle livre une réflexion sur le caractère implacable de la généalogie et la puissance dévastatrice du non-dit.1,210/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2503002057899
EUGENIE GRANDETEugénie Grandet, qui passe pour l'un des modèles du réalisme balzacien, est une "histoire vulgaire, le récit pur et simple de ce qui se voit tous les jours en province", écrit Balzac dans sa Préface de 1833. C'est surtout le grand roman de l'argent et de l'avarice, incarnée par l'un des personnages les plus célèbres de La Comédie humaine : le père Grandet. Balzac, selon Lamartine, a dans cette oeuvre drôle et satirique "cent fois dépassé l'incomparable Molière". Mais Eugénie Grandet est aussi le roman de l'attente et de l'ennui, l'histoire déchirante d'une Pénélope sublime, éprise de son cousin de Paris, frivole dandy à qui elle sacrifiera tout... Ainsi que l'écrivait Sainte-Beuve, ce récit frôle le "chef-d'oeuvre qui se classerait à côté de tout ce qu'il y a de mieux et de plus délicat parmi les romans en un volume".170/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2503002057805
LA LIBRAIRIE DES LIVRES INTERDITSTous les héros ne portent pas de cape. Certains ont des livres. --- Mitch, libraire passionné, est arrêté un matin pour un crime impensable : il a transgressé la loi en vendant des livres interdits.
Après cinq années de prison, il n'a qu'un désir, retrouver sa liberté et sa librairie. Mais le destin en décide autrement. Le même jour, Mitch croise le procureur qui l'a fait condamner et rencontre Anna, une jeune chef qui pourrait bien être la femme de sa vie.
Que faire quand on est pris entre une irrépressible envie de vengeance et une irrésistible envie d'aimer ? Peut-on rêver d'un avenir sans s'être acquitté du passé ?
Une comédie brillante et engagée qui donne le goût de lire et d'aimer.