Quatre cents ans après sa naissance, Molière continue de nous toucher, de nous fait rire, de nous surprendre, de nous éclairer, comme si ses pièces avaient été écrites hier. Qu'il nous soit tellement proche ajoute à son mystère. Par quelle magie, quand l'humour de tous les autres grands auteurs ne cesse de s'affadir avec le temps, sa force comique conserve-t-elle, aujourd'hui encore, toute sa puissance ? Pourquoi ses héros, réduits à quelques traits ou traversés d'aspirations contradictoires, animés par des lubies, aveugles à eux-mêmes, parviennent-ils à nous révéler des dimensions insoupçonnées de la condition humaine ? Comment le pur plaisir du jeu théâtral et de ses variations, premier moteur de ses pièces, devient-il, sous sa plume, un instrument de précision capable de dévoiler les motivations les plus secrètes des personnages ? C'est que Molière est le seul auteur (hormis peut-être, à ce niveau, Charlie Chaplin) dont le génie découle entièrement de celui qu'il avait comme acteur. Au demeurant, si l'on veut en révéler toute la profondeur, il faut aborder ses comédies comme des partitions musicales : pour nous faire ressentir les vrais enjeux de la pièce, les acteurs doivent y déchiffrer les émotions, sans cesse changeantes et surprenantes, qu'ils auront à vivre sur la scène. Chez Molière, en effet, ce sont les émotions qui révèlent et jugent ce que les actes, les pensées et les paroles des personnages travestissent. Sous cet angle, l'originalité de Molière apparaît avec une évidence et une simplicité nouvelles : les milliers d'ouvrages brillants qui lui ont été consacrés ont eu tendance à estomper les intentions du dramaturge, à force d'interprétations conceptuelles, morales, esthétiques ou historiques. Ce retour amoureux au Molière des origines, qui est le Molière de toujours et de demain, est celui que nous propose ici le 463e Sociétaire de la Comédie française, Francis Huster.
MONSIEUR DE POURCEAUGNAC, LES AMANTS MAGNIFIQUESVersant comique de la comédie-ballet, Monsieur de Pourceaugnac montre comment le provincial de Limoges, prétendant indésirable, est chassé de Paris. Les Amants magnifiques en sont le versant galant ; l'intrigue sentimentale entre grands, prise dans un programme somptueux de musique et de danse, annonce parfois Marivaux.610/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2407001959547
L'AIGLONVienne, Schönbrunn, Metternich, un empire qui se croyait éternel malgré l'ombre de Napoléon qui pèse encore sur l'Europe à travers un jeune homme irrésistible de charme, de fragilité et de mélancolie, une sorte d'Hamlet androgyne qui fut le grand rôle de Sarah Bernhardt et qui était le duc de Reichstadt, le fils de l'Ogre et de l'Aigle : le roi de Rome, l'Aiglon. Les ailes de l'Aiglon naissent, s'ouvrent, palpitent au souvenir de tant de puissance et de gloire, tels que les évoque devant lui Séraphin Flambeau, le grognard légendaire de la Grande Armée. Mais l'histoire n'aime pas les redites et les ailes meurtries vont bientôt se fermer. Le roi de Rome mourra comme il a vécu, en prince autrichien, la pièce se terminant sur la réplique fameuse de Metternich (qui a eu tout de même un peu peur) : " Vous lui remettrez son uniforme blanc."500/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2406001945551
CHANTECLERThéâtre de la Porte-Saint-Martin, 7 février 1910 : le rideau se lève sur Chantecler. Depuis plus de cinq ans, la nouvelle pièce de l'auteur de Cyrano est sans cesse annoncée, puis reportée : ce jour-là, le Tout-Paris s'est déplacé et la découvre enfin. Mais très vite, la perplexité gagne la salle. Point de décor historique ni de personnage héroïque : la scène est une basse-cour ; les personnages, des poules, des dindons, des canards, des lapins, des crapauds. Et le héros ? Un coq, Chantecler, persuadé que c'est son chant qui, chaque matin, fait lever le soleil... Chantecler connut tout au plus un succès d'estime ; après cette pièce, le " roi de la Belle Epoque ", incompris et déçu, se détourna peu à peu du théâtre. Pourtant, la poésie de Rostand, nourrie du Roman de Renart et des Fables de La Fontaine, y apparaît dans toute sa splendeur, et fait de cette féerie animalière détonante et cocasse une réflexion sur les affres de la création artistique, digne d'un véritable chef-d'oeuvre.610/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2406001945542
THEATRE COMPLET - TOME ILe succès de Cyrano de Bergerac et de L'Aiglon a effacé des scènes les oeuvres antérieures de Rostand. Cette première édition intégrale annotée de son théâtre, précédée d'une préface biographique et d'un essai sur son vers, replace ses trois pièces de jeunesse dans la production de l'époque.3,250/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2406001945533