Dada est un mouvement artistique, littéraire et politique, apparu à Zurich et New York vers 1916. Souvent présentée à tort comme un groupe de plaisantins potaches et destructeurs, la cinquantaine d'artistes qui forment la constellation internationale des créateurs dada - Tristan Tzara, Hans Richter, Richard Huelsenbeck, Paul Eluard, Francis Picabia, Man Ray, Marcel Duchamp, etc. - a une influence majeure sur l'art du xxe siècle et d'aujourd'hui. Lucide, sérieux, rationnel, engagé, distant, frivole, angoissé, révolté, individuel, collectif, Dada concerne tous les médias, toutes les disciplines, tous les genres, sans aucune hiérarchie. Le mot et l'image ne font qu'un. Le peintre et le poète sont inséparables. La revue a autant d'importance que le tableau. Dada est la vie. Il n'y a pas de style dada. Dada réinvente les processus de création et libère l'art de ses carcans. Ce n'est pas Dada qui est absurde, c'est l'époque. Dada " s'en prend sérieusement à l'héritage, sans esprit de sérieux ". Révolté devant l'ineptie de la guerre, la décadence de l'art traditionnel et des valeurs qui ont contribué au naufrage de la civilisation, le créateur dada fait table rase pour mieux reconstruire un " art plus art " selon les lois du hasard, de la spontanéité et de l'inconscient ; Tristan Tzara souhaite " des ouvres fortes, droites, précises, et à jamais incomprises ". C'est à un parcours dans la folie de la révolte dada auquel ce livre invite, avec plus d'un millier d'ouvres à découvrir. Après une approche historique des grandes manifestations dadas depuis 1916, l'ouvrage se penche sur l'exposition itinérante initiée par le Centre Pompidou à Paris, co-produite avec la National Gallery of Art à Washington et le MoMA à New York entre 2005 et 2006. Comme souvent lorsqu'une exposition circule, l'approche des trois commissariats propose trois lectures différentes du mouvement à partir d'un corpus d'ouvres identique. Le propos de cet ouvrage est de retracer le parcours itinérant de cette manifestation, offrant des vues comparées des présentations qui en furent faites. Gardant ainsi la mémoire de ses accrochages successifs, cette publication veut donner la preuve que l'histoire des expositions ne se situe pas uniquement dans la liste des ouvres rassemblées mais aussi dans leur scénographie.
FAIRE L HISTOIRE DE L ART EN FRANCE (1890-1950) - PRATIQUES, ECRITURES, ENJEUXEn explorant l’histoire de l’art en France de 1890 à 1950, le parcours de ses acteurs, et la diversité de ses publics, cet ouvrage révèle l’image d’une discipline en pleine transformation, expérimentant de nouvelles méthodes appliquées à de nouveaux objets.
L’histoire de l’art produite en France pendant la première partie du XXe siècle est assez peu présente dans les ouvrages classiques étudiant l’évolution de la discipline. Au-delà de quelques figures pionnières et d’œuvres fondatrices, comme celles d’Émile Mâle ou d’Henri Focillon, la production historiographique des années 1890-1950 n’est pas réputée avoir produit de mutations décisives, ni dans la méthodologie de l’histoire de l’art, ni même dans la définition de son objet.
Cette période est pourtant marquée par un foisonnement intellectuel sans précédent, qui a inspiré une large gamme de publications savantes, d’ouvrages de vulgarisation et d’expositions. En explorant à la fois les modalités concrètes de cette production, le parcours de ses acteurs, les concepts fondamentaux de la discipline et la diversité de ses publics, cet ouvrage révèle l’image d’une histoire de l’art plus ouverte, plus expérimentale, en un mot plus moderne que celle qu’on connaissait jusqu’à présent.1,430/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2407001956426
HENRI FOCILLONFigure tutélaire de l'histoire de l'art français, Henri Focillon (1881-1943) fut professeur d'histoire de l'art à l'université de Lyon et directeur des musées de la ville de 1913 à 1924. Il enseigna ensuite à la Sorbonne, au Collège de France puis aux Etats-Unis où il choisit de s'exiler. Tout au long de sa carrière, Focillon marqua plusieurs générations d'élèves, mais aussi de lecteurs éblouis par l'ampleur de son savoir comme par ses qualités d'écrivain. La diversité des sujets abordés - de la sculpture romane à la peinture de son temps - et l'éventail des périodes prises en compte reflètent la richesse de ses intérêts et son goût pour les chemins de traverse. Cet ouvrage, qui réunit les études de plusieurs spécialistes français et étrangers, évoque ainsi les différentes facettes de sa pratique d'historien de l'art et les étapes de sa carrière : son engagement dans le siècle, la multiplicité de ses objets de recherche, mais aussi sa prédilection pour le domaine de l'estampe, occidentale ou orientale. L'analyse comparée des travaux de Focillon et de ses grands contemporains, notamment en Allemagne et en Italie, permet d'inscrire sa démarche dans un faisceau de relations au sein desquelles émerge sa singularité. Loin de ne constituer qu'un simple hommage au plus fameux des historiens de l'art français du XXe siècle, cet ouvrage collectif offre enfin l'occasion de s'interroger de façon critique sur l'héritage d'Henri Focillon : ce qu'il reste aujourd'hui, dans nos pratiques et nos méthodes, de l'œuvre intellectuelle de l'auteur de la Vie des formes. Le colloque, dont ces actes rendent compte, a été organisé par l'INHA et l'université Lumière Lyon 2 en mars 2004.1,290/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2407001956382
HISTOIRE DE L ART N 92 : REPRODUCTIONS DECEMBRE 2023Outil indispensable à la diffusion et à la connaissance des oeuvres, la reproduction est omniprésente dans la culture visuelle contemporaine. Loin de seulement susciter une « perte d’aura », selon la formule de Walter Benjamin, elle est un instrument majeur de l’histoire de l’art, utilisée par les chercheurs de manière si régulière qu’ils en oublient parfois son caractère interprétatif. Le numéro Reproductions invite à considérer sur un temps long l’ensemble des techniques de reproduction et leurs usages. La reproduction permet le passage d’un médium à l’autre : ainsi, dans le cas de la tapisserie, Marie Cuttoli commande des modèles à des artistes phares des années 1930 et 1960 ; croisant gravure et photographie, Nicéphore Niépce met au point l’héliographie ; en sculpture, Vincenzo Vela s’inspire de la photographie et du moulage. Les techniques d’agrandissement (Auguste Rodin et le pantographe) et de réduction (l’édition de bronzes à Paris au XIXe siècle) sont aussi étudiées. Une attention particulière est prêtée aux acteurs et aux circuits de diffusion, depuis la création d’Agnus Dei dans la Rome moderne jusqu’au soutien apporté à la gravure d’interprétation par la Chalcographie du musée du Louvre, en passant l’apparition du tirage limité des estampes au XVIIe siècle. Ce numéro questionne ainsi les usages multiples de la reproduction. Si elle s’avère utile pour l’étude et l’apprentissage, comme dans le cas des collections de moulages lyonnaises ou des conférences accompagnées de projections lumineuses par Raphaël Gaspéri dans le sud de la France au début du XXe siècle, elle peut aussi être parfois trompeuse, à l’exemple des manipulations photographiques effectuées par les éditions Cahiers d’art pour magnifier des objets préhistoriques ou des usages parfois controversés de moulages par la galerie Demotte. Apparaît ainsi clairement le potentiel (dé)formateur de la reproduction, qui entre enfin dans le champ des pratiques muséographiques, patrimoniales et artistiques, comme en témoignent une enquête sur le mobilier traditionnel menée par le musée national des Arts et Traditions populaires dans les années 1940 ; le développement des expositions immersives qui trouvent leur origine dès les années 1960 ; les performances phares du XXe siècle rejouées sur Second Life par Eva et Franco Mattes ; ou encore la reprise en 2010 à Eindhoven d’un dispositif muséographique conçu par Lina Bo Bardi. Par l’analyse de ces réinterprétations multiples, ce numéro d’Histoire de l’art souligne la richesse des processus reproductifs.1,380/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2407001956365