J.A. Miller est, pour les médias, le « gendre » de Jacques Lacan. Il est l'éditeur des fameux Séminaires et occupe, en tant qu'analyste, une place centrale dans le champ freudien. J.C. Milner est philosophe. Ses ouvrages (sur la langue, l'école, la Shoah...) créent, depuis plus de vingt ans, l'événement intellectuel et alimentent de nombreuses polémiques. Le Livre: Ce livre reprend l'essentiel des deux débats organisés en décembre 2003, dans le cadre du séminaire de Jacques-Alain Miller. Au point de départ, un amendement déposé par le député J.M. Accoyer, lors de la première lecture, à l'Assemblée Nationale, de la loi concernant la santé publique. Cet amendement vise à encadrer les professions dites « psy », en soumettant leurs praticiens à une évaluation, largement dominée par les psychiatres. Les deux intervenants, J.C. Milner et J.A. Miller, partagent une certitude : derrière cet amendement, d'apparence médiocre, une grande affaire est engagée... Avec un enjeu majeur : Comment la société contemporaine traitera-t-elle le « malaise » qu'elle provoque elle-même ? Elle peut aménager des espaces où les pouvoirs acceptent de mettre en suspens leur volonté de contrôle. Elle peut au contraire resserrer les contrôles, jusqu'à ce qu'en fin de compte, le pouvoir des pouvoirs -ce que l'on appelle l'Etat- demeure seul maître du champs. D'après Miller et Milner, on serait aujourd'hui à la croisée des chemins... Chacun des deux débats se présente sur le même modèle : le dialogue. L'un des interlocuteurs présente les positions qu'il estime importantes, l'autre questionnant, objectant, confirmant au passage. Dans la première séance, l'exposant principal est Jean-Claude Milner ; dans la seconde, l'exposant principal est Jacques-Alain Miller... Au fil de la discussion, on aperçoit de plus en plus clairement qu'il ne s'agit pas seulement de l'évaluation et du domaine psy, mais que la conception générale de ce que peut et doit être une société moderne est engagée. Miller et Milner sont ainsi amenés à rouvrir la question de la technique, la question du contrat et de la loi, de la limite entre public et privé, de la relations de la politique et de la société, et bien d'autres questions encore. La forme dialoguée allège le sérieux des thèmes et des références ; mais du même coup, le sérieux - voire l'urgence - de la situation est rendu perceptible.
LE DETAIL DU MONDE - L'ART PERDU DE LA DESCRIPTION DE LA NATURELes mots nous manquent pour dire le plus banal des paysages. Vite à court de phrases, nous sommes incapables de faire le portrait d’une orée. Il n’en a pourtant pas toujours été ainsi. Au temps de Goethe et de Humboldt, le rêve d’une « histoire naturelle » attentive à tous les êtres, sans restriction ni distinction aucune, s’autorisait des forces combinées de la science et de la littérature pour élever la « peinture de paysage » au rang d’un savoir crucial. La galaxie et le lichen, l’enfant et le papillon voisinaient alors en paix dans un même récit. Ce n’est pas que l’homme comptait peu : c’est que tout comptait infiniment. Des croquis d’Alfred Wallace aux « proêmes » de Francis Ponge, des bestiaires de William Swainson aux sonnets de Rainer Maria Rilke, ce livre donne à entendre le chant, aussi tenace que ténu, d’un très ancien savoir sur le monde – un savoir qui répertorie les êtres par concordances de teintes et de textures, compose avec leurs lueurs des dictionnaires éphémères, s’abîme et s’apaise dans le spectacle de leurs métamorphoses.
Romain Bertrand
Directeur de recherche au CERI (Sciences Po-CNRS), il est notamment l’auteur de L’Histoire à parts égales (2011, Grand Prix des Rendez-vous de l’histoire de Blois 2012).
LIRE LES IMAGES - HERMENEUTIQUE DE L'ARTComment comprendre une oeuvre d'art?? Peut-on lire une image en art comme on lit un texte?? Qu'est-ce qui distingue une image artistique des autres catégories d'images?? L'herméneutique méthodologique, centrée sur l'interprétation des textes (littéraires, religieux, juridiques), est restée relativement silencieuse sur la compréhension des arts visuels. C'est pour combler ce vide relatif qu'est né le projet de ce livre. Il s'agit en somme d'interroger la textualité des images en art. La confrontation entre le texte et l'image n'a rien de gratuit quand on sait l'importance des textes classiques, placés en position d'autorité, dans la production de tout un pan de l'art occidental. La confrontation n'a rien d'inutile quand on sait que poésie et peinture ont longtemps été rassemblées comme des «?arts frères?». L'enjeu qui traverse cette réflexion est toutefois de savoir si l'image peut se réduire à sa seule lisibilité, au risque de perdre sa visibilité.1,270/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2503002058033
RICOEUR ET SES CONTEMPORAINS - BOURDIEU, DERRIDA, DELEUZE, FOUCAULT, CASTORIADISSi l'on connaît aujourd'hui le dialogue fructueux que Paul Ricoeur a noué avec les penseurs structuralistes, on ignore largement son positionnement face à la mouvance post-structuraliste. Faut-il opposer la philosophie de Ricoeur au post-structuralisme à la française ou faut-il au contraire montrer qu'elle en est une variante singulière ? Au terme de son étude, Johann Michel défend la seconde option. Certes, l'auteur met en garde le lecteur contre toute tentative de réification du post-structuralisme dès lors qu'il ne s'agit pas d'une école de pensée mais d'une reconstruction qui relève de l'histoire de la philosophie. Le plus petit dénominateur philosophique commun qui permet de donner un sens à cette reconstruction tient dans le projet d'intégrer des prérequis du structuralisme assorti d'une ambition de dépassement. Dans la mesure où la négociation de cette traversée et les horizons de dépassement ont été construits de manière chaque fois particulière par chaque penseur, l'auteur plaide pour parler de post-structuralismes au pluriel. C'est la raison pour laquelle J. Michel propose des confrontations dyadiques entre Ricoeur et certains de ses contemporains (Deleuze, Derrida, Foucault, Bourdieu...) que l'on regroupent habituellement dans cette mouvance.1,050/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2503002058013
PAR-DELA LE PRINCIPE DE REPRESSION - DIX LECONS SUR L'ABOLITIONNISME PENAL"Tout interroger, tout bousculer, tout refonder, et produire, à partir de là, quelque chose comme une désorientation générale de nos sens, une transformation des affects que nous sommes souvent conduits à éprouver lorsque nous sommes victimes ou témoins d'une agression, d'une scène de violence ou d'une injustice : tel serait le projet que j'aimerais accomplir ici. Comme une entreprise de destruction de nos repères culturels et de construction d'une nouvelle morale, qui se situerait au-delà du principe de répression - qui serait débarrassée, enfin, de l'emprise que les notions de crime, de responsabilité, de plainte et de punition exercent sur notre appréhension des actions humaines et de leur régulation. En un sens, je conçois ce livre comme une sorte d'expérimentation radicale, qui testerait la capacité de la réflexion d'être plus forte que les impulsions premières et les impensés sociaux. Sommes-nous capables d'être affectés par un raisonnement au point de remanier complètement nos manières de percevoir et donc aussi de nous comporter individuellement et politiquement ? Et si non, à quoi sert la philosophie ?"1,380/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2503002055380