La pensée commune est qu'une société ne peut exister sans la direction exercée par un pouvoir coercitif censé corriger tous les excès des comportements humains. Le pouvoir est historiquement détenu par un homme ou une instance ici dénommés despote. Dans la mesure où le despote (monarque, royal ou républicain) n'est jamais que le tyran légitimé par les dieux, un Dieu et le Peuple, avec un système de droit politique, il est encadré par une double contingence qui l'affecte : l'une, que fait ressortir en creux l'oeuvre de Pierre Clastres sur les sociétés sans pouvoir coercitif, est la contingence de ce qu'il faut bien supposer comme un tyran originaire (mais pas originel), sans légitimation, qui surgit à l'improviste (malencontre) de quelque dégénérescence de ces sociétés ; l'autre est celle, due aux circonstances historiques ou à la personnalité du despote, en vertu de laquelle ce dernier se transforme en tyran, retrouvant, dans la ""folie"" du pouvoir, les traits du tyran originaire. _x000d_
Quant aux chemins enchevêtrés qu'il faut prendre pour arriver à cette conception, et aux conséquences qu'il faut en tirer, le présent essai est là pour tenter de les tracer et esquisser les paysages qu'ils traversent. On verra qu'il y va ni plus ni moins de la question de ce qui fait une société - donc du politique. L'Histoire est née de la tyrannie, explicite ou implicite, et pour éclairer notre présent, il faut prendre de la distance, choisir quelques exemples autant dans l'Histoire ancienne que dans l'Histoire moderne ; d'autant plus que les auteurs classiques paraissent souvent bien plus éloquents que nombre de ""théorisations"" plus récentes, dont, dans le vide actuel, on commence à apercevoir, à quelques exceptions près, le caractère déjà ""vieilli"". _x000d_
Nous sommes en train de changer d'époque, nous en voyons une mourir sans pouvoir imaginer d'aucune façon ce qui va suivre - sinon peut-être dans quelque vision infernale à la manière de Baudelaire. Mais si les termes classiques de la question de la société politique ont changé d'apparence, la division sociale entre pouvoir et société, entre dominants et dominés, dont parlaient Machiavel et Cl Lefort à sa suite, demeure autant que jamais opérante, et c'est là sans doute l'une des choses que le présent ouvrage vise aussi à mettre en évidence, pour comprendre le passé et préparer l'avenir._x000d_
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LES INGENIEURS DU CHAOSDans le monde de Donald Trump, Jair Bolsonaro et Matteo Salvini, chaque jour porte sa maladresse, sa polémique, son coup d'éclat. Aux yeux de leurs électeurs, les défauts des leaders populistes se muent en qualités. Leur inexpérience est la preuve qu'ils n'appartiennent pas au cercle corrompu des élites et leur incompétence, le gage de leur authenticité. Les tensions qu'ils produisent au niveau international sont l'illustration de leur indépendance et les théories du complot qui jalonnent leur propagande, la marque de leur liberté de penser. Pourtant, derrière les apparences débridées du carnaval populiste, se cache le travail acharné de spin-doctors, d'idéologues et d'experts du Big Data, sans lesquels ces leaders populistes ne seraient jamais parvenus au pouvoir. Dans ce livre, Giuliano da Empoli brosse le portrait de personnages presque tous inconnus du grand public, et qui sont pourtant en train de changer les règles du jeu politique et le visage de nos sociétés.460/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2408060810001
HOMO DOMESTICUS - UNE HISTOIRE PROFONDE DES PREMIERS ETATSAucun ouvrage n'avait jusqu'à présent réussi à restituer toute la profondeur et l'extension universelle des dynamiques indissociablement écologiques et anthropologiques qui se sont déployées au cours des dix millénaires ayant précédé notre ère, de l'émergence de l'agriculture à la formation des premiers centres urbains, puis des premiers États. C'est ce tour de force que réalise avec un brio extraordinaire Homo domesticus. Servi par une érudition étourdissante, une plume agile et un sens aigu de la formule, ce livre démonte implacablement le grand récit de la naissance de l'État antique comme étape cruciale de la " civilisation " humaine. Ce faisant, il nous offre une véritable écologie politique des formes primitives d'aménagement du territoire, de l'" auto-domestication " paradoxale de l'animal humain, des dynamiques démographiques et épidémiologiques de la sédentarisation et des logiques de la servitude et de la guerre dans le monde antique. Cette fresque omnivore et iconoclaste révolutionne nos connaissances sur l'évolution de l'humanité et sur ce que Rousseau appelait " l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes ".770/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2407001955451
L'ILLUSION POLITIQUEDans la société occidentale, le verbalisme politique exprime une double illusion, en même temps qu'il lui donne naissance. Nous assistons au développement de l'illusion de l'homme politique qui croit maîtriser la machine de l'État, qui croit prendre des décisions politiques toujours efficaces, alors qu'il se trouve de plus en plus impuissant en face de la rigueur croissante des appareils étatiques. Or, cette impuissance de l'homme politique est voilée précisément par la puissance et l'efficacité des moyens d'action de l'État qui interviennent toujours plus profondément et exactement dans la vie de la nation, et dans celle des citoyens. Mais l'homme politique, fût-il dictateur, n'a finalement aucune maîtrise de ces moyens. Réciproquement, paraît l'illusion du citoyen, qui, vivant encore sur l'idéologie de la souveraineté populaire et des constitutions démocratiques, croit pouvoir contrôler la politique, l'orienter, participer à la fonction politique, alors que tout au plus il peut contrôler des hommes politiques sans pouvoir réel - et s'engage, sur cette double illusion, un dialogue d'impuissants. Dans cette difficile situation, n'y a-t-il aucun remède ? S'il en existait un, il serait, en tout cas, à la fois humble et héroïque.490/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2406001947408